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Histoire Locale de 1940 A 1942

 

En cette année du Bicentenaire, nous nous devons d’abord d’évoquer le 150ème anniversaire de la Révolution.

 

Une seule cérémonie au canton sur la place de SAINT-ELOY le 14 juillet 1939 rassemblait les enfants des écoles dont je faisais partie. Après un discours d’André MICHEL qui avait succédé à son père depuis un an, discours percutant d’Alexandre Varenne : « A l’heure où les forces de destruction s’apprêtent à anéantir le monde… » Après la Marseillaise, les enfants chantèrent l’hymne à la joie sur Air de la Neuvième Symphonie de Beethoven. Mais la gravité de la situation internationale empêchait de se réjouir pleinement…

 

L’hiver 1939-1940 fut long et rigoureux ; les émissions du traître Ferdonnet à Stuttgart ne suscitaient que le mépris général ; les chevaux réquisitionnés périssent par centaines de milliers ; il fallut dresser des vaches pour faire les travaux. Les soldas venaient en permission ; les opérations militaires étaient quasi nulles : c’était la « drôle de guerre ». Les avions allemands ne bombardaient pas ; ils se contentaient de lâcher des tracts visant à opposer Français et Anglais.

 

Mais brusquement, les 9 et 10 avril Hitler s’emparait du Danemark (en une journée) puis de la Norvège sans s’attaquer à la France. Cependant, les franco-anglais ripostèrent en débarquant à Narvik ; le vieux et glorieux WARSPITE avait ouvert le fjord en coulant près de dix destroyers allemands. Après les journées de débarquement des 10 et 13 avril, le drapeau français flottait sur Namsos conquise après de violents combats par la Légion et trois bataillons alpins français (dont faisait partie Maurice ROCHET). La route du minerai de fer suédois de Kiruma (minerai si pur) était coupée. Elle le fut jusqu’au début juin 1940 (la France étant attaquée de toutes parts, il fallut bien réembarquer le 10 juin).

 

Le vendredi 10 mai 1940, en arrivant en Gare de SAINT-ELOY, je remarquais des visages inquiets. « Ils » ont bombardé les Ancizes cette nuit. J’annonçais cette mauvaise nouvelle à Madame CAILLOT le professeur de chimie dont le fils de deux ans était justement aux Ancizes (son mari étant mobilisé). Très bouleversée, elle envoya Georges CAMUS téléphoner à la Mairie. Celui-ci rassura Madame CAILLOT sur son fils mais annonça : « depuis cinq heures ce matin, Hitler a attaqué la Hollande, la Belgique et le Luxembourg ».

 

Alors succéda la désinformation et les mensonges des communiqués : que se passe-t’il à SEDAN ? Un Général : le général CORAP aurait trahi… Pendant trois semaines, ce fut l’incessant défilé des réfugiés belges sur la 143 (actuelle 144) à SAINT-ELOY ; ces derniers furent honnis après la capitulation de leur Roi (le roi traître, le roi félon titraient nos journaux).

 

Puis suivirent les voitures du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, de La Somme, des Parisiens, de l’Eure, de l’Eure et Loir, du Loiret, le flot de voitures-allait en s’amplifiant de jour en jour, d’heure en heure.

 

La mésaventure de 2 soldats de l’Armée de l’Air

 

Le premier juin à la tombée de la nuit, deux soldats vinrent consommer chez moi. L’heure tardive, l’air éperdu, le bruit persistant de la présence à la Bosse de 1 ou 2 parachutistes allemands, les combats de déroulant (soi-disant) toujours sur la Somme, tout contribuait à les rendre suspects. Etaient-ils déserteurs ou espions ? Interpellés par le Docteur Pierre GIBERT venu en uniforme chez Monsieur BOUTIN, ils présentèrent des papiers apparemment en règle et furent relâchés.

 

La tragédie de Juin 1940

 

L’exode, la pagaïe atteignirent leur point culminant.

 

Ce vendredi 14 juin, je rejoignis la classe de Madame CAILLOT à l’extrémité de l’École dans une classe de petits. Toutes les tables avaient été transportées dans la cour, de la paille étant répandue sur les planchers : les salles étaient pleines de soldats qui couchaient sur la paille. Sur la place, un tintamarre infernal des auto-chenilles manoeuvraient, quatre canons étaient là, il y avait de nombreuses caisses de munitions, des incidents même entre chefs et soldats (insultes, des gestes de rébellion, même voies de fait). Les camions militaires transportant souvent femmes et enfants déferlaient de Montaigut sur 2 voire 3 colonnes ; on ne pouvait traverser la route qu’au péril de sa vie. Dans l’après-midi, le Général BLANCHARD, le « héros » de Dunkerque, installé au Château de Montaigut, donna l’ordre aux soldats de faire demi-tour à St-Eloy. I1 voulait monter une ligne de résistance entre Evaux et Montluçon. Vers le soir, la confusion devint totale.

 

A LAPEYROUSE, alimenté surtout par la Gare, l’afflux des réfugiés était intense. L’usine CHEVROLET de Paris avait réparti ses camions entre Lapeyrouse et Evaux-Les-Bains, du garage BRUNET à la Gare, il y en avait dans toutes les cours. Lorsque la circulation des trains s’arrêta, il y avait plusieurs trains en gare de Lapeyrouse. Il y avait pêle-mêle près de 3 000 civils, des centaines d’aviateurs, la 21ème batterie du 370 R.A.L. (commandant GOVERY).

 

En juillet et août commença la mise en place du rationnement assez peu restrictif en ses débuts, le sucre par exemple étant souvent remplacé par la saccharine dont regorgeaient les pharmacies. Le café commença d’être remplacé par l’orge grillée. Dans l’ensemble, la détresse était plus morale que physique (l’affaire de Mers el-KEBIR acheva la désunion des Français).

 

Le 30 juillet, un décret créa les Chantiers de Jeunesse (service de mois pour les jeunes de 20 ans). Un groupement existait à MONTMARAULT, un autre à la Croix des Bois vers BELLENAVES. Alors on vit souvent ces jeunes qui faisaient du charbon de bois, défrichaient des terres incultes, participaient à la lutte contre les incendies de forêts (aux Saulzets). On les vit souvent venir à la Gare surtout ceux du camp de Rivalais. L’année 1940 s’acheva avec des privations limitées ; les gens étaient un peu rassurés sur le sort de nos soldats, mais terriblement inquiets pour l’avenir. Démographie 1940 : 24 décès et 15 naissances.

 

L’année 1941 commença par le décès au 1/1/1941 du curé BACCONNET. Il était octogénaire et avait exercé à LAPEYROUSE depuis des décennies.

 

L’année 1941 se décompose en deux périodes. Jusqu’au 22 juin 1941, il y eut un peu de relâchement et surtout beaucoup d’espoir. I1 y eut quelques rapatriés les vieux de plus de 40 ans (Marcel BUVAT), des malades et les pères de 4 enfants. On espérait une généralisation de ces retours.

 

L’hiver 1940-1941 avait été assez long, surtout caractérisé par une très forte chute de neige mais il n’avait pas fait très froid. Le ravitaillement en combustible avait été favorisé par la vente de très nombreuses coupes de bois (aux Saulzets notamment). Au printemps 1941 circula l’incroyable nouvelle : une Usine à LAPEYROUSE ! Les travaux de la Distillerie commençèrent ; jusqu’à 140 ouvriers souvent mal nourris travaillèrent à sa construction (entreprise BUSSIERE-TABARD).

A la suite se construisirent une cantine, des maisons d’habitation. Cette usine entrait de plain-pied dans l’histoire locale.

 

Le dimanche 22 juin, on apprit une nouvelle surprenante : la guerre germano-soviétique.

 

L’espoir bascula : plus question d’un retour rapide des prisonniers ! Le ravitaillement se fit plus difficile, la farine fut blutée à 98 %, la ficelle fut en papier, les matières grasses étaient du suif ou du lard. Il fallait des tickets pour tout alimentation, textiles, pneus de vélos ; c’était aussi le règne des ersatz et de la camelote : semelles en bois pour les chaussures. Tout était rationné : lait,tabac, savon, vin, pain, pâtes, carburants rares, bons de monnaie , matière pour les artisans : fer, métaux… Le journal tenait dans une demi-page.

 

La construction de l’usine dura environ un an ; la mise en route fut longue et difficile souvent réalisée par des cadres venant des distilleries du Limousin à Aixe-sur-Vienne : Mr Maurice SOURDET et Monsieur COUZIN.

 

La distillerie fabriquait de l’alcool-carburant à partir de la betterave sucrière, rendement espéré 120 l à la tonne, ou du topinambour, rendement 82 l à la tonne. Mais le rendement des cossettes baissait rapidement quand il y avait du retard dans la distillation ; ce fut le cas au cours de l’hiver 1941-1942 et le résultat de cette campagne de début fut maigre. Néanmoins, l’usine apportait un plus à l’économie locale par ses 70 emplois environ qui empêchèrent certains d’être déportés du travail. Donc, bientôt il fut question de la relève (échange de 1 prisonnier contre 3 travailleurs), cette gigantesque escroquerie du travail ne donnant rien il y eut le S.T.O. (service du travail obligatoire) touchant d’abord la classe 42 puis la classe 43. Et après Pearl Harbor (7/12/1941) l’entrée en guerre du Japon et des Etats-Unis, il ne fut plus du tout question de l’échange ou du retour des prisonniers.

 

L’année 1941 s’acheva avec une guerre devenue mondiale (22/6/1941 avec l’U.R.S.S., 7/12/1941 pour le Japon et les U.S.A.) Démographie 1941 : 15 décès, 11 naissances et 4 mariages.

 

Quelle tournure allaient prendre les évènements ? A cet égard, 1942 allait constituer un tournant. Le 18 avril, Laval devient chef du gouvernement : de mai à juillet commençèrent les déportations et conséquemment ce fut le début de la résistance organisée. En cette année 1942, les restrictions s’accrurent ; il fallut garder les voies ferrées (en plus des gardes-voies de métier, on réquisitionna à tour de rôle tous les hommes validés du canton). Il n’y avait qu’un seul express par jour en chaque sens mais quelle longueur de train ! Certains week-ends près de 1000 personnes descendaient à la Gare en quête de nourriture. A cet égard, la pomme de terre devait s’avérer le légume salvateur de la famine… Lorsque le 8 novembre, les troupes anglo-américaines débarquèrent en Afrique du Nord, les Allemands envahirent la zone libre (11/11/42) et LAPEYROUSE se trouva en zone occupée comme toute la France. L’armée de 120 000 hommes laissée par l’Armistice du 25/6/1940 fut dissoute.

 

L’année 1942 s’acheva sur la gigantesque bataille de STALINGRAD. Les nuits le ronflement des avions de la R.F.A. allant bombarder en Italie s’écoutait quasiment tous les soirs vers 23 heures jusqu’au retour vers 3 heures du matin. Tous les gens écoutaient, malgré les brouillages, les émissions de la B.B.C. pour connaître un peu de vérité. Mais celle-ci ne parvenait qu’avec beaucoup de retard, c’est ainsi qu’en cette fin 1942, on ne voyait pas encore comment la bataille de Stalingrad finirait … Démographie 1942 : 14 décès, 6 mariages et 14 naissances.

 

Ce qui se passait en 1942

 

Plus près de nous, les évènements capitaux des années 1942 et 1943 ont marqué la mémoire de ceux qui les ont vécus.

 

En Europe, la défaite allemande de Stalingrad (15/9/42 au 2/2/43) allait sonner le glas du Sème Reich. Hitler qui, le 30/1/43 pensait savourer la victoire de sa 6ème armée pour ses 10 ans de pouvoir dut déchanter et se résoudre à la défaite.

 

Après le débarquement américain en Afrique du Nord le 8/11/42 les allemands occupèrent la zone sud (11/11) la flotte se saborda à Toulon (27/11/42) ; les bombardements se firent nombreux sur la France, l’Italie, l’Allemagne. En France, les restrictions s’aggravèrent et le STO frappa les jeunes de plus de 20 ans. En Asie, les Américains sous la pression japonaise durent abandonner les Philippines et une grande partie de l’Indonésie.

 

Le 19 août 1942, échec du débarquement anglais à Dieppe.

 

Événements de 1943

 

* 10 août 1943   débarquement des alliés en Sicile après l’évacuation de la Tunisie par les Allemands

 

* 3 septembre : à l’assaut de l’Italie

 

* 4 septembre : prise de Bastia

 

* ter octobre 1943 : prise de Naples

 

* 27 mai 1943 : 1ère réunion du CNR

 

* 21 juin 1943 : Jean Moulin tombe

 

* 19 août 1943 : insurrection du ghetto de Varsovie

 

Bilan de l’année 1943

 

En Europe, les Russes ont repris la Crimée et presque toute l’Ukraine ; l’Italie est coupée en deux, les Anglais ont de plus en plus la maîtrise du ciel et les bombardements sont quotidiens.

 

La Résistance s’organise et s’accroît mais la déportation aussi.

 

En mai 1943, un attentat fait brûler les cuves d’alcool-carburant à la Distillerie. La production de 5609 hl (une grande partie de la production de la campagne) fut anéantie sans faire de blessé. Cet attentat, l’un des premiers de la Résistance en France, fut annoncé à Radio-Paris.

 

En Asie, les Américains stoppent l’expansion nipponne par la victoire navale de GUADALCANAL.

 

Démographie:

1942 : 14 décès, 6 mariages, 14 naissances

1943 : 28 décès, 3 mariages, 19 naissances

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